Plus nous nous approchons de la réalité, plus l’illusion se lézarde sous nos yeux, fragmentant l’image qui se cache dessous en une infinité de petites formes particulières qu’il nous revient d’assembler en un tout cohérent.
Le réel ne supporte pas d’être observé de l’extérieur. Le meilleur moyen de s’en faire une idée est de nous connaître nous-mêmes – étymologiquement : « naître les uns avec les autres ».
Le ciel étoilé, les galaxies, l’univers est ce que nous découvrons de nous lorsque nous nous reflétons au miroir de l’Être.
Les organes, les molécules, les atomes, les particules élémentaires est ce qui nous apparaît lorsque nous nous observons au microscope de l’Être.
Les autres sont ceux que nous rencontrons dans les jardins de l’Être. Ce sont des « comme-nous », dotés d’une différence qui nous rend instantanément reconnaissables aux yeux de tous.
Assemblées en un tout cohérent, nos différences forment une étoffe vivante tissée au rêve de l’Être. Nous existons* par nos différences relatives, dans le monde que nous créons communément en nous assemblant les uns aux autres. Le mouvement collectif d’assemblage est produit par la somme des mouvements différentiels : le tout est plus que la somme de ses parties ; nous ne pouvons exister les uns sans les autres.
*Du latin exsistere : « sortir de, se manifester »