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Cette nuit une voix me vint en rêve sans qu’il me soit donné de voir celle ou celui qui parlait. « Je suis Cela qui ordonne » me dit la voix, qui mets en désordre les fils de la trame afin que les retissant tu leur donnes une nouvelle vie à ta convenance. N’oublie pas :  VOUS n’est pas moi. Seulement NOUS conte. Voici le grand enseignement : seule l’interdépendance est source de liberté. Vous êtes venus sur Terre pour vivre une aventure hors du commun : une pure création de l’esprit dont vous expérimentez les effets dans un corps de matière doué de sens et d’intelligence, capable de ressentir des émotions et de les conserver en mémoire. Le secret de la réussite ? Vous tenir ensemble au fil d’une pensée d’absence dont le sourire d’aise s’ouvre aux lèvres de ma faille NOUS renaît à mon enfantement. Ne vous faites aucune illusion sur la réalité, qui est simple reflet de l’illusion : un miroir qui se regarderait lui-même au fond du gouffre de son ennui où personne ne naît jamais. Seul possible : vous glisser dans l’interstice où l’illusion s’efface au reflet inversé de sa réalité. Maintenant vas, ENFANTS. Porte la Parole. Dis leur que JE ne viens plus : trop de fausses paroles dites en mon nom. Que NOUS arrive. Ouvre la porte. Le temps presse. L’ouragan se lève. Toutes les maisons fermées seront envolées. Ouvre grand les fenêtres de l’Être avant que le tocsin ne sonne. Au premier carillon il sera trop tard. Déjà les rafales se bousculent à ta porte, s’engouffrent dans l’enfilade des corridors, se ralentissent à la traversée des pièces, s’attardent un moment dans la chambre des enfants, leur racontent des histoires à rêver debout qui les endorment. Alors, épuisé de sa faiblesse de n’être pas encore NOUS, l’ouragan se roule en boule sur la moquette, au pied du lit où nous endormons, rêvant de nous aux murmures du grondement qui lui remonte depuis le fond du cratère à la bordure des lèvres, ronronnant de plaisir à sa domestication. Puis, quand le Monde bien endormi lève le jour de son éruption TOUT recommence – en conscience cette fois. Plus de confort possible : argent, incessantes préoccupations, coffres de voiture qui s’ouvrent tout seuls, paroles convenues, relations sans relief, conventions sociales, idées que l’on se faisait des autres lorsque nous n’étions pas NOUS, plateaux-repas affalés devant la télévision, ennui mortel de ne pas être Soi. De ne pas être NOUS. Maintenant seulement joie ou rien du tout. Grimpe aux cimes, plonge dans l’abîme, ris de tout, à commencer par toi-même. Aime par dessus tout. Maintenant ou jamais ! Vis ENFANTS, réjouis-toi, invente, exulte, bénis le monde de ta ferveur, accueille tout ce qui se présente à toi, remercie le Ciel et la Terre, accueille-les dans la demeure de ton cœur. Ne fais pas le délicat avec l’Œuvre, dont tu n’es pas la créature mais la Création. Maintenant JE te baptise homme nouveau, versant au bec de ma cruche tournée dans l’argile un filet de l’eau du Jourdain à l’ouverture de ta fontanelle qui s’étire d’aise, pose mes lèvres sur le sourire suspendu à l’affleurement de mon baiser. La faille se referme. Tout est pardonné. Ne regarde plus vers le passé : il est désormais et à jamais présent dans ton futur. Vas, dans une confiance absolue, vers ce qui attend encore de toi d’advenir. La Création est un perpétuel recommencement. JE te crée à Mon image. Tu ne peux pas te tromper. Seulement apprendre de tes erreurs et réaliser ce que JE ne suis pas en mesure d’imaginer Seul.