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Que de paroles pour ne rien dire, à seule fin de noyer le silence sous son flot et qu’ainsi son enseignement ne puisse nous remonter aux oreilles. Dans notre soif de nous distraire de notre détresse existentielle, nous n’avons de cesse de monter toujours plus le son de l’audible, jusqu’à atteindre le point culminant de notre surdité. Nous sommes désormais sourds à nous-mêmes. Même le silence – dont nous ne percevons plus que les échos sous forme d’acouphènes – nous demeure inaudible. N’ayant dès lors plus rien à nous dire que nous soyons en mesure d’entendre, l’Être se retire dans nos profondeurs. Quand nous parvenons aux abords de la source où veille la présence que nous sommes à nous-même, les bruits de surface s’éteignent l’un après l’autre jusqu’au silence parfait, et nous demeurons un instant en équilibre entre les deux états possibles de l’Être : la présence au monde et la présence à soi. Alors seulement, nous entendons le chant profond de la Création.