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Au cours d’une discussion à l’emporte-pièce, je me suis récemment fait traiter de « climato-sceptique » par un abonné de BFMTV, qui alla jusqu’à me demander si je pensais que la terre était plate, tellement lui semblait insupportable l’idée que l’on puisse s’affranchir de la doxa ambiante et contester les données du GIEC – dont, au passage, nombre d’ingénieurs peu satisfaits du traitement de leurs données démissionnent.1

Et voilà que quelques jours plus tard, je tombe à la bibliothèque sur un livre de Stéphane Durand, dont je recommande la lecture à toute personne intéressée par l’histoire de notre mère, la Terre : 20 000 ans ou la grande histoire de la nature.2

« Climat sous influence céleste

la Terre est bien peu de chose. Un grain de poussière dans le vide ballotté depuis près de 5 milliards d’année par tous les astres qui l’entourent. Le système solaire est loin d’être la machine d’horlogerie parfaite imaginée par Newton et consorts. (…) En réalité les planètes s’attirent et se repoussent. Un astéroïde géant, Théia, frappe la Terre à sa naissance et lui arrache un gros morceau qui deviendra la lune. Il la fait également pencher sur son axe ; elle tourne de guingois (…) et oscille un peu au hasard. Il y a du jeu dans la mécanique bien huilée et c’est ce qui crée les saisons, les climats et la vie3. Le soleil lui-même est inconstant. Les conditions extrêmes que nous avons observées au cours du maximum glaciaire sont donc le résultat de forces extra-terrestres qui tiraillent sans cesse notre planète. Elles connaissent des cycles, publiés en 1941 par le scientifique serbe Milutin Milankovic dans sa Théorie astronomique du climat. L’excentricité de l’orbite terrestre4 varie tous les 100 000 ans, son obliquité5 tous les 41 000 ans et la précession des équinoxes6 varie tous les 19 000 à 23 000 ans. Ces trois cycles se combinent pour former un cycle global qui réchauffe la Terre ou, au contraire, la refroidit. Depuis 2,6 millions d’années des aires glaciaires et interglaciaires se succèdent tous les 40 000 ans avec un niveau des mers variant de 50 m environ7. Il y a 900 000 ans ce grand cycle ralentit mais s’intensifie, passant à 100 000 ans avec un niveau des mers descendant cette fois de plus de 100 m. Désormais la Terre connaît 80 000 ans de période glaciaire pour 20 000 ans de période interglaciaire… »

Quid dès lors de notre influence supposée sur le climat ? Nada. La dernière période de réchauffement notable en Europe remonte au Moyen-âge et dure cinq siècles, à une époque où la machine à vapeur et la révolution industrielle sont encore inconnues au bataillon, ce qui rend totalement irréaliste l’idée de notre responsabilité en la matière. Nous avons en revanche nombre de chantiers à ouvrir, que nous nous gardons bien d’ouvrir : phénomènes de pollutions multiples, de prédation constante sur l’environnement, d’oppression économique, d’empoisonnement de l’air, l’eau, le sous-sol… : tous poisons que nous ré-ingérons en fin de chaîne alimentaire, menaces nucléaires suspendues au-dessus de nos têtes, virus que nous traficotons, produits délétères que nous nous injectons, etc., etc.

Donc, clairement, nous faisons semblant de nous occuper de cela même sur lequel nous n’avons aucun moyen d’action et laissons en jachère les chantiers qui relèvent à la fois de notre responsabilité et de notre compétence.

Quand je dis « nous » je parle de ce que Platon appelait « le gros animal social », par lequel il nomme le comportement grégaire qui nous pousse à penser communément en rond. Or à cela nul n’est tenu. L’Île de Majuli, sur le Brahmapoutre, en Inde, est le plus grand archipel fluvial au monde. Dans les années 90, la construction de barrages en amont, perturbe les courants qui vont peu à peu grignoter les îlots. L’état indien investit des moyens colossaux pour tenter d’endiguer le phénomène. Rien n’y fait, le fleuve emporte sable, béton, rochers, digues aussitôt posés. Jadav Payeng, un habitant comme un autre, soumet alors aux autorités l’idée de planter des arbres pour stabiliser le sol. Et comme on lui rit au nez, il décide de les planter lui-même. Un par un. Seul. À la main.

30 ans plus tard, le banc de sable sur lequel il habite est devenu une réserve forestière de 550 hectares (1,5 fois la superficie de Central Park), abritant un troupeau d’éléphants, plusieurs tigres, des girafes, singes, oiseaux…Un homme seul est donc en mesure de réussir là où le gros animal social ne cesse d’échouer. Il appartient dès lors à chacun de nous de retrouver sa propre souveraineté et d’œuvrer en conscience pour le bien de tous.

Si le cycle de 80 000 ans d’ère glacière, entrecoupé de 20 000 ans d’ère interglaciaire, devait se poursuivre en l’état, et compte-tenu que le dernier épisode interglaciaire remonte à 18, 19 000 ans, cela nous laisserait donc un à deux millénaires pour nous préparer au prochain ère glaciaire.

Là encore deux options sont possibles.

La première : nous faisons tourner à fond la pensée matérialiste afin de nous adapter à ce qui nous attend en matière de conditions de vie, d’énergie, d’habitats, de production de nourriture… avec, ironie de l’histoire, un effet migratoire massif cette fois depuis le Nord vers le Sud, et beaucoup de dommages collatéraux au passage.

La seconde : un retournement à 180° de la pensée, qui, de matérialiste, devient holistique.8

Ici l’on rejoint l’hypothèse Gaïa de James Lovelock, qui définit la Terre comme un être vivant, doué d’intelligence, de conscience et de sensibilité, dont nous sommes les enfants. Et celle de noosphère, de Pierre de Theilhard de Chardin, qu’il pressent comme une enveloppe pensante qui entoure la Terre, que nous informons de nos pensées en même temps qu’elle nous informe en retour.

AU cours de la dernière guerre mondiale, 200 savants isolés dans le désert ont réussi l’exploit, non seulement de briser un atome (dont la réalité n’est à ce jour toujours pas à proprement parler établie, mais, qui plus est, à provoquer une réaction en chaîne au terme de laquelle il nous est possible désormais de nous faire disparaître nous-même de la surface du globe. Sommes-nous dès lors en mesure d’imaginer ce que 8 milliards d’humains connectés ensemble par la pensée seraient en mesure de réaliser ? Certains ici m’opposeront que nous sommes loin d’être tous savants. Par bonheur ! dirai-je. Laissons donc les savants briser les atomes et les innocents que nous sommes les assembler entre eux afin de créer de nouvelles formes-pensées que nous cristalliserons dans la matière.

Ce que nous venons apprendre en nous incarnant dans la troisième dimension est que la pensée est créatrice. Nous sommes libres de créer toutes les pensées qui nous viennent à l’esprit et d’en ressentir les effets en direct dans notre chair.

« L’esprit et le corps sont une seule et même substance, vue tantôt sous l’attribut de la pensée, tantôt sous l’attribut de l’étendue ». Baruch Spinoza.

1https://ingenieurs-engages.org/2021/04/deserter-lingenierie/

2Actes Sud, collection Mondes sauvages.

3Vous avez bien lu : non pas le climat mais les climats.

4La forme plus ou moins allongée de son ellipse.

5L’angle fait par l’axe de rotation de la Terre par rapport au plan de l’orbite.

6La direction prise par l’axe de rotation.

7On est loin des 2 m annoncés « dans le pire des cas » pour 2100.

8Théorie selon laquelle l’homme est un tout indivisible qui ne peut être expliqué par ses différents composants isolés les uns des autres.